Retour au monde

L’imposant Palais princier dominait la rade de Lusance. Construit au XIIe siècle par Léandre Grosmartel, il avait subi les assauts du temps. Repaire de pirate, refuge des fuyards et des exilés du micromonde, lieux de fêtes, de beuverie et du pouvoir. Il bravait la tempête des siècles. C'était la troisième famille princière qu'il accueillait. Après les Lusances descendant du fondateur, après les Pearl, qui l'avaient sauvé des avanies vandales d'une populace squatteuse et de la prédation des entrepreneurs carrrier, venait les Bellamy. Comme sur un navire les dynastie se succédait par droit de conquête. Au droit du sang, le Sorabe préférait, même pour la transmission de la Couronne, celui de l'épée et de la hache d'abordage.

Depuis l’avènement du nouveau Prince-Amiral, le Chambellan de la Maison princière (car l'on aimait singer les Cours royales du Septentrion) fit allègrement appel au ban et à l’arrière ban des vassaux (ou ce qu’il en restait après les mâtines vérançoise) pour apporter à Lusance tout ce dont avait besoin le palais princier pour retrouver sa splendeur d’antan et y apporter quelques modifications.

Venus de Vérance, plusieurs camions arrivèrent de bon matin devant la grande bâtisse médiévale. Une dizaines de valets sortirent immédiatement, déchargeant les effets du nouveau Prince-Amiral. Il y avait là toute une vie de rapines : tableaux de maîtres volés à un aristocrate yssois, fourrures subtilisées à un bourgeois zotterdamer, antiquités skotinecques, bijoux de princesses russlaves... Recel d'un passé de pirate.

Charles arriva peu de temps après en compagnie de sa septième femme, Rebecca Bernstein, avocate zollernoise prometteuse, de cinquante ans sa cadette, raptée lors d'un raid sur un navire de croisière. Le couple étaient accompagnés des deux seuls enfants que le prince-amiral avait accepté de reconnaître ou qu'il n'avait pas renié : Henri, né de ses amours avec une danseuse de cabaret francovare et Diane née de l'idylle avec une prostituée yssoise (respectivement enfants de la deuxième et de la sixième)

Henri qui revenait d'Ys chargé de trésors était triomphant. Glissant sur la peau d'ours étendu au sol, il sauta sur un fauteuil. Puis il rugit :
- Cet endroit est magnifique père… Nous voilà maître de céant !
- Tu l’as dit…

Un homme apercevant les nouveaux maîtres des lieux fit signe a un autre, bien habillé qui s'approcha. C'était un terrien visiblement qui affectait les bonnes manières, un immigré bealondaure certainement. Il paraissait affolé.

- Votre Altesse ! Bonjour ! Monsieur, Mesdames ! Je suis Antonin Evron, Chambellan de la Maison princière ! Je ne pensais pas que vous arriveriez aussi tôt !

- Bonjour Etron... euh Evron... (rires contenus parmi le groupe) nous venons tout juste d’arriver, je souhaitais accompagner ma famille pour découvrir… cet endroit.

- Naturellement ! Vous êtes chez vous Messeigneurs ! Nous sommes en train de décharger vos effets, j’ai reçu vos consignes par courrier, tout sera installé selon vos exigences !

- N'oubliez pas le miroir au plafond. J'ai une réputation à tenir... Ne t'inquiète pas ma douce hébraïte, il y en aura pour toi aussi ! Et pour toutes les autres ! Ah ah ! Foi de Bellamy !

- Dois-je faire préparer une collation pour ces messieurs dames ? Les cuisines sont prêtes et à votre disposition !

- Donne un chocolat de Bangana à ses dames. Moi et mon fils nous allons nous enfiler quelques bouteilles de la cave du capitaine Pearl.

- Pourquoi ne puis-je venir avec vous s'offusqua Diane.

- Parce que tu es une femme, l'alcool vous rend le faciès horrible, pourri vos dents et gâte votre haleine. Alors que le chocolat ma toute belle (il s'était rapproché des lèvres de sa fille et dans un geste incestueux tenait fermement son sein droit) alors que le chocolat vous donne des poitrines ravissantes ! Ah ! Ah !... Etron vous verrez avec ma Rebecca adoré (il lui envoya un baiser de la main), pour les détails de l'installation... (il reprit fermement et visa de son couteau l'appareil génital du chambellan) Attention ! si tu t'avises de la toucher, je t'émascule. Si tu la regardes avec concupiscence, je ne te crèverai que les yeux... Mes dis moi tu bandes ! Ah ah ! Inverti ? (effrayé le jeune homme se tue) C'est très bien !... Mais si tu tentes de me prendre par la soute arrière, je te jette à manger aux pourceaux !

- Bi... Bien... Bi... Bien...Votre Altesse !  fit le jeune homme terrorisé. Puis-je me permettre Votre Altesse, j'ai fait préparer votre uniforme de Cour.

- Arrière démon ! Je ne veux point porter ces singeries du Père Lusance.

- Comme il plaira à Votre Grâce… Toutefois, je me permets de rappeler à Votre Grâce que le protocole du Palais princier implique également un code vestimentaire particulier. Je ne saurais vous suggérer de venir jeter un œil aux uniformes que nous vous avons préparés.

- Foutrecul, garde des colifichets et tes rubbans, je me fous de tes pelisses. Je suis le prince de cet île et dessus de ses lois !...
Je vois que tu es déçu petit... Allez montons dans mes appartements, donne moi un de tes déguisements. Ainsi, je paraitrais plus prince. Que j'ai l'air doux, nourri et dégagé ! Les chancellerie étrangères y sont sensibles ! Rebecca finit de superviser l'installation !

La famille Bellamy arrivait dans sa nouvelle demeure.