Audience princière

Dans la soirée, après avoir travaillé à son bureau, le prince-amiral s'en retournait dans ses appartements privé lorsqu'il fut informé par Antonin qu'une femme faisait antichambre et qu'elle ne quitterait les lieux sans l'avoir rencontrer.

- Voyez Evron, elle se presse désormais chez moi pour que je les satisfasse !

Le prince-amiral réajusta son uniforme, se passa la main dans les cheveux prêt à bondir sur ce lot de chair fraîche qu'il croyait prêt à s'offrir contre tel ou tel prébende pour un frère ou avancement pour un mari. N'attendant pas les présentations il s'avança

- Madame, je suis ravi de vous recevoir...

Quelle ne fut pas sa surprise, et sa déception lorsqu'il vit face à lui une octogénaire, canne en main, décrépi mais l'oeil sévère et encore vif

- Votre Altesse, voici Sa Grâce La Très Noble Alize von Richthofen de Wasserland de Babenberg-Amyctète, duchesse douairière des Zorcades,

"Par le sang de Poséydon, loué soit-il ! Que fait la douairière des Zorcades chez moi à cette heure !..." pensa le prince-amiral surpris de voir la mère de l'Empereur déchu d'Ys chez lui. Il reprit :

- Allons Votre Grâce venez au petit salon. Evron, faites monter une bouteille de Chaby nautien !

La douairière pénétra dans la pièce elle fit une lente révérence craignant un feu mouvement qui lui briserait les os, puis s'assit en face du Prince-Amiral. Elle posa sa canne comme l'on plante un pied de mousquet avant la bataille puis attendit que son interlocuteur débute.

Charles qui avait jubilé au moment de la révérence semblait jouir d'une espèce de revanche social devant cette dame de la haute noblesse zollerno-yssoise. Il reprit :

- Que nous vaut l'honneur de votre visite Votre Grâce ?
- Votre Altesse, il me fallait de toute urgence m'entretenir avec vous sur l'avenir de ma maison.
- Maison qui n'a plus rien depuis la confiscation de ses biens par le Grand-Duché et son exil d'Ys ! Que faites vous donc ici, savez-vous que les services d'un pirate se paye ? Le ton était impérieux, sévère.

Il attrapa un décanteur dans lequel le vin qu'il avait demandé avait été transvasé. Il servit deux verres dont un à l'intention de sa visiteuse. Puis lampa son verre, tranquillement assis sur son fauteuil. Le vin était hors d'âge, magnifique. Il reprit :

- Pourquoi passerai-je plus de temps à vous écouter ?
- Je vais vous donner ce que j'ai de plus précieux...

Lubrique le prince pensa amusé : "j'espère que ce n'est pas son petit minou". L'âme du pirate était interpelé.
- Je vous écoute...

- La maison d'Ambyctète à certes perdu en influence grâce à vos soudards mais vous n'êtes pas sans savoir que mon douaire est resté intacte. Mon père le duc Karl-August de Wasserland était l'une des plus grosse fortune zollernoise.
- Vous m'intéressez... Le vieux pirate était attiré plus que jamais par l’appât du gain.
- Mon fils, condamné à l'exil aux Zindes, est en ce moment même perdu dans une guerre folle pour récupérer son trône
- Je le sais, il a recruté chez moi quelques bons marins assez fou pour affronté le Grand-Duché.
- Le prince impérial, l'héritier du Sérényssime Empire, mon petit-fils Orlando, voit désormais son avenir compromis par la duplicité de ce cochon de Smith ; le Dieu destructeur l'emporte !... Je souhaite que vous le preniez sous votre protection et rétablissiez pour lui le comté de Zuytkerke en Noordzeeland, fondé par ses ancêtres zotterdamers.
- Un jeunot à la tête d'un fief pirate ? Sans se battre !? Impensable ! et qu'ai à y gagner ?
- Je vous cède mon Palais de Poyeyz et les domaines s'y rattachant aux Zorcades.
- Vous seriez donc à la rue duchesse. Ou vivriez-vous ?
- A mon âge, Amiral, un couvent fera bien l'affaire.
- Poyeyz ! 2,2 millions de Sor... Fit le prince en se frottant les mains. Soit ! Mais il devra prouvez sa valeur pour recevoir son fief !
- C'est que... objecta la douairière
- Avez-vous le choix duchesse ? Votre petit-fils n'intègrera pas Zandhurzt et vous perdrez le procès que vous avez intenté contre le gouvernement zollernois pour le rétablissement de votre fils dans ses droits ducaux. Votre règne a déjà prit fin. J'accepte Poyeyz et votre petit-fils n'aura pas à commencer sa carrière comme mousse. En preuve de ma bonne foi, je lui remet une commission de bailli de Rijsel.

Le prince-amiral se dirigea vers une table et griffonna un papier, fit fondre de la cire et y apposa son sceau à tête de mort.

- Voici le document qui le nomme. Il représentera dans la capitale du Rijselhoek mon autorité princière et aura en charge la reconstruction de cette ville, voisine de la seigneurie de Zuytkerke. Nous verrons ainsi s'il a les aptitudes pour en devenir le comte. D'ailleurs, il sera aidé dans sa tâche par ma fille que j'ai nommé ce jour colonel, commandant le 1er régiment de défense de Rijsel. Voyez-vous, je dois la préparer à me succéder... Êtes-vous d'accord ?
- Je n'ai guère le choix ! fit vexer la vieille femme
- Allons duchesse, ne soyez pas vexer nous en prendrons soin !
- Un Babenberg vulgaire bailli... La vieille était catastrophée par cette déchéance
- Allons allons ma bonne dame, il aura tôt fait de s'illustrer si bon sang ne fait mentir ! Et puis peut-être séduira-t-il ma fille !
- Soit !... je vous le confie amiral, voici l'acte de propriété de Poyeyz
- Parfait ! fit le prince-amiral en se frottant les mains.
- Il me faut désormais prendre congé.
- Bien je vous fait raccompagner. Adieu Madame !  

Le prince-amiral sonna afin que le chambellan raccompagne la dame.

Sortie du Palais la vieille douairière enragea "Pirate !".
Revenu à l'hôtel Amiral, elle tendit le précieux document à un bel homme de dix-huit ans. "Voici une commission de bailli de Risjel. C'est tout ce que j'ai pu obtenir de ce vieil hareng-sor de Vérance. Servez bien, elle m'a coûté Poyeyz" La vieille dame avait la larme à l'oeil.

- Et vous grand-mère qu'allez-vous devenir ?
- Je vais rentrer chez les soeurs Bezoaristes. Elles doivent tant à notre famille... Elle ne me refuseront pas une celulle.

Le jeune homme paraissait ému de quitter son aïeul

- Les sentiments sont pour le commun Orlando, Vous êtes un Babenberg-Amyctète ! C'est là la meilleure position que vous pouvez espérerez. Servez bien. N'oubliez jamais qui vous êtes et un jour je ne doute pas que vous pourrez retrouver vos droits.

- Son Excellence le Tona-Kholo de Bangana !

Le prince fut surpris quoique ravi. Le Bangana était un pays riche qui n'attendait qu'à se faire prendre.

- Excellence... Quel plaisir de vous voir en cet île ! Que nous vaut l'honneur de votre visite.
- La grandeur de la couronne banganaise et la libération de mon peuple !

Le prince ria moqueur :

- Quelle emphase ! Je n'oublie pas que c'est vous qui avez successivement vendu votre pays et la Couronne aux Edoranais et aux Zollernois...
- Ma Nation n'a d'autres choix que de rechercher le soutien de l'étranger pour mettre fin à la rébellion qui l'affaibli !
- Certes... certes... mais que puis-je y faire ?
- Les Septentrionnaux tardent à intervenir. Je demande l'aide des pirates de Sorabes ?
- Qu'ai-je à y gagner ? Vous avez tous vendu !
- Un port de relâche, des parts dans l'exploitation des mines.
- M'auriez-vous pris pour un vulgaire commerçant ou pire pour un ver de terre !... Je suis un pirate. Passez donc votre chemin !
- Je vous propose l'installation d'un comptoir à Largeville.
- Ah... ah, vous m'offensez colonel. Croyez-vous que je ne sais pas que vous avez promis l'exclusivité de l'extraction minière et pétrolifère de votre pays... Je ne serai pas l'odieux pilleur que sont mes homologues septentrionaux. Je veux la SOBAMIKRA et la Banque du Continent Sud, ainsi qu'un port de relâche à Largeville.
- Et donc 50 % de notre cradium. Que nous donnez-vous en échange ?
- La tête d'Akilebo et le départ des Nations du Nord.
- Comment envahiez-vous a province des Deux-Fleuves.
- Par la mer !

Le colonel fut pris de stuppeur :

-  Eh... Eh... Quelques vieilles cartes marines indiquent un passage entre la mer d'Ylesia et le Lac de Nieba...