Convocation de Charles Bellamy.

Bellamy fut surpris dans sa cabine, il avait déjà lancée sa dague en direction du jeune page apeuré, lorsque celui ci entra tremblant. Il faut dire qu'il avait été surpris.

- ca...ca...ca...capitaine, un message du Prince-Amiral pour vous.
- Allons gamin tremble pas comme une vierge la nuit dans ses noces, ce n'est que le capitaine Bellamy que tu as en face de toi, pas le diable. Allez tiens prend ce verre de rhum. Et lis donc au capitaine Bellamy ce qui t'amène ici
- "Camarade,

Viendez me voir Mitau. Je veux donner une affectation au grand capitaine que vous êtes. Je sais que comme moi, vous brulez d'envie de piller à sac ces imbéciles et couardes peuplades qui vivent en bordure de notre très grande et très bonne ile. Viendez vite donc.

Frédéric"
- Ah ah on dirait que ce foutu Prince de mes fesses souhaite me voir.
- Bien prend cette plume gamin et écrit.
- "Ton Altesse, j'accepte ton invitation, j'espère qu'il y aura de belles femmes et du bon rhum pour accueillir le grand capitaine Bellamy comme il se doit."
- Allez gamin fais donc voir ce torche-cul que je le signe.
Bellamy écrivit son nom d'une manière peu assurée.
- Ah ! l'enfant était surpris. Capitaine votre lit bouge
- Ah ah non gamin, c'est Anastasia, mon épouse. Je l'ai capturé sur un navire, le propre yacht du Gros-cul de Zollernberg, elle dit être la fille d'un prince Russlave. Je vois surtout que c'est un beau gréement. ahaha

Anaztazia Gorogin était la fille du prince Andreï Gorogin, on l'avait dit favorite du Grand-duc, elle avait épousé le capitaine Bellamy de force puis s'était prise à l'aimer. Elle en était la cinquième épouse, non qu'il en avait épousé cinq autre disparue ou divorcée, mais bien qu'il avait cinq femmes. La polygamie était chose commune sur l'île et la meilleure manière d'accroître le nombre de petit pirate.On entendit soudain une flatulence. Bellamy se mit à rire.

- Et on dirait qu'elle a bien ripaillé hier soir. ah ah ah !
Sortit des draps l'enfant rougit voyant la poitrine nu de la jeune femme visiblement gênée de son pet.
- Il y a du monde à la dunette, n'est-ce pas mon petit. Tu verras lorsque tu seras capitaine toi aussi. Allez file sur le pont voir si j'y suis.
- Et toi ma belle va faire tes affaires, que je puisse venir visiter ta sainte-barbe !

Fréderic Ier attendait sur son trône l'arrivée de Charles Bellamy. Ce dernier faisait partie de ceux qui se moquaient assez des lubies du Prince-Amiral. Le capitaine était une vrai tête brulé, un vrai corsaire comme ceux d'antan. Lui et ses condisciples riaient ouvertement de Frédéric, qui se prenait à singer l'empereur belondaure.
Pourtant, Frédéric n'était point un sot. A la différence de nombre de ses congénères, il avait fait le deuil du mode de vie boucanier traditionnel. En ce début de siècle, la piraterie passait pour suranné. Les États étaient devenus puissants, et contrôlaient les mers, ne laissant que peu de place aux honnêtes pirates. On ne pouvait comme autrefois piller crânement les lignes commerciales des pays du Nord, cela Frédéric le savait. Il fallait désormais se montrer rusé et fourbe. En cela Frédéric excellait. Là ou tant de capitaines, comme Bellamy étaient adeptes du " Foncer à l'abordage et advienne que pourra " Frédéric préférait se renseigner sur l'adversaire, tournoyer autour de lui, jouer le faible, et enfin s'abattre sur sa proie le moment voulu.
C'était pour sauver la piraterie que Frédéric s'efforçait de bâtir un État moderne. Il ne s'agissait pas de détruire l'ancien monde faite de joyeuse anarchie, d'égalité et de camaraderie, mais de l'adapter au siècle. Il fallait établir des impôts, des casernes et des routes pour construire et entretenir la fière flotte sorabe et pour lui donner des chances de supporter le choc avec celles des autres pays.
Pour autant, Frédéric était tout sauf un véritable monarque. Non, tout à Sorabe, ce faisait par les menaces et la corruption. Les efforts de Frédéric ne visait qu'à optimiser les capacités guerrières des sorabes, même si pour cela, il fallait saigner le petit peuple sous les nouveaux impôts. Jamais, il ne lui venait à l'esprit d'inculquer à son peuple la vertu, le gout du service de la nation, l'honneur. Non de cela, il n'avait cure.

- Qu'il entre le coquin !

Bellamy entra avec ses bottes crasseuses dans la salle du palais Mtitau. Il refusa de se plier au protocole, singer les belondaures voilà qui était ridicule se disait-il ? et qui l'agaçait passablement. Il fit faire une crise cardiaque au majordome, lorsque sans y être invité il s'avança et tonna

- Allons que veux-tu Lusance pour m'obliger à faire de telles bouffoneries ? Fais donc voir ton bon vin et causons de ce pourquoi tu m'as fait venir. Faut-il donc que notre île soit menacé pour que tu m'enlèves ainsi des bras d'une femme ?

- Non, mais nom d'une bite, tu vas te calmer foutu bougre ? Comment parles-tu à un vieux camarade ?
Dis, si je t'ai demandé, ce n'est point pour te gourmander, t'es un bon gaillard et un grand marin. Je veux te mettre à la tête du 4ème régiment. Tu aimes le pillage et les beaux combats ? Tu seras servi ! Qu'en dis-tu ?

Un vieux binoclard, conseiller personnel de Frédéric, attendait la réponse de l'hardi marin. Assurément, ce poste élèverait le personnage à un grand degré de puissance, peut-être deviendrait-il second personnage de l'État, quoiqu'il en haïssait le concept. Peut-être aussi cherchait-on à écarter cet encombrant personnage, en l'envoyant piller le lointain Cozland.

Ah ah Lusance vieille canaille, je n'accepte qu'aux conditions suivantes : le tiers des prises pour ton état, les deux tiers pour moi et les hommes du régiment. Les femmes seront pour moi. Es-tu d'accord ?

Le Prince-Amiral fulmina devant l'irrespect de son vassal

- Foutu couillon ! Tu es le bien seul à oser me proposer ce genre de marchandages. Tu te permets cela, parce que tu es seigneur de Verance ! Ah, cette pauvre ville ne connait pas son malheur, maudit soit mon père qui ait accordé à ta famille ce titre ! Ton grand-père était mousse, ne l'oublies pas corniaud !
Allez, file, je prendrais un tiers, Monsieur le Vice-Amiral de mes fesses, qu'est ce que c'est encore que ce titre ridicule dont tu t'es affublé ? Mérite-le donc ! Va t'en piller le Skotinos ! Si tu tombes sur une princesse, ou sur une fille de très bonne famille, n'y touches pas, et ramène là moi, je veux marier mon gamin.

Bellamy sortit, non sans se départir de ses manières habituelles. Agacé, le Prince-Amiral fit préparer l'Aigle de Lusance. Prendre la mer, et piller les cotes de la Khatarsys le calmait toujours.