Quand Linus revient au Palais...

L'homme qui se faisait appeller Linus Steinmann était de retour sur l'ile de Sorabe. Cette fois-ci c'est un sous-marin qui l'avait déposé au large et il avait rejoins la côte a bord d'un canot pneumatique gonflable. L'ile aux pirates avait peu changé mais il nota toutefois la présence d'un vieux porte-avions qui n'était pas là lors de son précédent séjour trois mois auparavant. Linus n'eut pas de peine à retrouver le chemin du Palais Mitau et encore moins à s'y faire admettre si bien que quelques heures à peine après avoir mis pied à terre sur le sol sorabe, il faisait irruption dans le salon où se trouvait Frédéric de Lusance.

- Lusance, avez vous encore de ce sympathique alcool local que vous m'aviez fait gouter l'an passé ? J'en prendrais bien un petit verre ! Tout d'abord mes meilleurs voeux pour votre récent mariage, puisse t'il s'avérer fructueux et vous offrir une belle lignée de descendants. Comme vous le savez sans doute, car vous avez certainement quelque espion du côté d'Elbêröhnt, la Triple-Alliance vous a mis au menu et le Belondor semble ben décidé a remettre le grappin sur votre île. Il semble que cette fois-ci il ne faudra plus trop compter sur les frictions entre belondaures et zollernois pour sauver vos fesses. Alors comme mon employeur ne tient pas trop a ce que cette île devienne une colonie belondaure et que pour votre part vous avez respecté notre accord ne novembre, je suis ici pour envisager avec vous d'autres options.

- Ah, revoilà ce bon gaillard d'outre mer ! Vous avez un don d'apparition, non ? Ils sont rare ce qui accoste sur mon ile sans se faire remarquer.

Le Prince-Amiral, souriant de toutes ses dents, vint serrer la main de son visiteur et lui donna une grande tape amicale sur le dos.

- Et en plus, vous aimez mon alcool ! Ah, c'est une chose si rare chez les terreux du Nord, sans vouloir vous offenser évidemment ...

Canaille, le Prince-Amiral fit au nouveau venu un clin d'œil canaille et l'invita à s'asseoir.

- Amalia, mon alcool pour mon ami ! Je transmettrais vos félicitations à Éléonore. C'est dans le but d'assurer ma lignée que je me suis résigné à régulariser l'un de mes unions. Je dois bien cela à mon père. Je prendrais le temps de former mon fils Frédéric et il assurera comme moi, la gloire et la prospérité de la nation.

Voyant que le dénommé Linus goutait avec précaution le tord-boyaux, Frédéric ajouta.

- Il est bon hein ? Haha, comme disait mon père, sans lui, je ne serais point là.

Et le Prince de rire grassement.

- Pour en revenir à des affaires un peu plus dangereuses, j'ai eu vent de ce qui se trame à Elberonit. Ils bavassent et prennent des résolutions, mais rien n'est fait pour le moment. Edoran ne se montre pas particulièrement motivé pour intervenir contre vous, et le Zollernberg, via son mercenaire belondaure, se couche devant le Belondor. Quel surprise n'est ce pas ? Pfft ! Le Belondor interviendra seul et avant cela, je dois voir le jeune Nabelnine II en mars prochain. Il me prend de haut, mais je serais reçu au nom des Sorabes. Haha, l'idée fait son chemin, je suis la seule autorité légitime de Sorabe ! Enfin bref, je verrais ce jeune empereur, je vais finasser, l'entourlouper et le séduire. Ils ne viendront pas. Je ferais quelques minimes concessions, et les affaires reprendront vite.

Le Prince vida son verre et se cala dans son fauteuil.

- Évidemment, votre soutien discret à l'international nous serait fort utile. Sans doute les États de la LEM, traditionnellement réticent devant les Empires du Nord, pourraient émettre des doutes quant à une intervention militaire du Belondor ?
Toujours est-il que j'ai moult capitaux à écouler. Les villes skotinèques sont si mal défendus ... Quelques gulbars ne feraient point de mal à votre économie non ? Nous sommes fort intéressés par l'achat de macchines-outils pour notre industrie portuaire, votre pétrochimie m'intéresse également. Avez vous d'autres suggestions, cher ami ?

Frédéric resta un instant songeur. Une base militaire étrangère sur Sorabe ? Grands dieux, jamais l'on avait vu cela !

Le Prince-Amiral de Sorabe finit son verre pour se donner le temps de la réflexion. Jamais les Sorabes n'accepteraient des soldats étrangers sur leur ile. Cela allait à l'encontre même des sentiments de ces insulaires farouchement attachés à leur indépendance et violemment suspicieux à l'égard des étrangers. Et puis qu'en penserait les Grands Capitaines ? Frédéric en eut un frisson, il perdrait sa Couronne et la vie dans une infâme révolution de palais !

Pour autant, Frédéric ne pouvait écarter d'un revers de la main la proposition de son hôte. Une base militaire krasslandaise sanctuariserait le territoire de la Principauté. C'était se mettre complètement à l'abri des appétits belondaures et s'assurer un allié solide et fiable.

Il n'avait pas le choix. L'offre krasslandaise comportait plus d'avantages que de désagréments. Sa décision était prise.

- Bien ... Monsieur. La situation est assez compliqué. Comprenez bien qu'une base militaire sur la Sorabe serait ressenti par mon peuple comme une infamie et un affront à toutes nos valeurs. Pour autant, une bonne communication pourrait anéantir ces effets-là. Je prétendrais vous offrir asile et présenterais tout cela comme une œuvre de modernité. Ce sera l'occasion pour moi d'ouvrir notre premier aéroport.

Je risquerais assurément l'hostilité de certains des mes Grands Capitaines. Je devrais leur donner des gages. Vos troupes devront être exclus du Lusançois. Soyez certains, que si vos soldats devaient être vus à Lusance, il seraient pris à partie par la populace. Le bail de votre base se devra d'être court, quelques années pas plus, mais celui-ci peut être renouvelable évidemment. Votre base devra donc être localisé au Sud, dans les monts Sorabes, coté Ponant, pour ne point troquer la menace belondaure contre la menace zollernoise.

Pour autant, soyez certains que vous trouverez en nous des alliés certains. Nous sommes prêt à lier notre avenir au votre, et nous nous battrons contre vos ennemis avec une haine inextinguible !

Frédéric fit glisser un journal sorabe sur le bureau qui séparait les deux hommes. Celui-ci traitait de la crise internationale entre le Krassland et les membres de la Triple-Alliance.

- Allons donc, je crois que votre gouvernement est déjà suffisamment occupés comme cela. Je vais demander à mes services de s'en occuper.

Se relevant de ce fauteuil pour saluer son hôte, Frédéric continua.

- Les assurances que vous me proposez font honneur à votre nation, Monsieur. Même si je n'entends rien à vos revendications territoriales, il n'empêche que mon cœur penche pour la Semi-République.

Tendant la main à son hôte, Frédéric acheva.

- Je vais vous faire donner une chambre pour la nuit en mon Palais. La mouture de notre traité sera prête demain matin. Pour autant, profitez de votre nuit nocturne. Lusance est pleine de charmes ...